L'essai de Mohamed Naeem, Histoire de la méritocratie et de la décadence, analyse l’échec de la révolution égyptienne de 2011 et la difficulté à construire une citoyenneté républicaine depuis la proclamation de la Première République d’Égypte en 1953.

À travers les concepts de « méritocratie », symbole des périodes d’ascension sociale par le mérite, et de « décadence », reflet d’un comportement égoïste et moralement défaillant, l’auteur dévoile les tensions profondes au cœur de la société égyptienne.

Entre distinctions sociales liées à la couleur de peau, au langage et aux modes de vie, se dessine une hiérarchie complexe qui fragilise la solidarité nationale. Mohamed Naeem explore les paradoxes d’une société marquée par l’abondance relative où la peur de la pénurie alimente un désir obsessionnel d’accumulation matérielle. Il replace ces dynamiques dans un contexte géopolitique marqué par l’impérialisme américain et l’émergence de l’islamisme, offrant une réflexion nuancée sur les obstacles internes et externes à la réalisation d’un État moderne et démocratique en Égypte.

Ce livre se distingue par son approche accessible et ancrée dans le quotidien, rompant avec les formes traditionnelles d’écriture politique. Il mêle analyses historiques, sociologiques et culturelles, intégrant des productions populaires pour donner à comprendre la société égyptienne contemporaine.