Le patrimoine est encore aujourd'hui centré sur l'idée de pérennité, d'authenticité et d'identités dans des lieux et des temps immuables. Longtemps pratique de gestion des biens familiaux, le patrimoine a été mis au service de l'État pour asseoir la continuité et la stabilité de la communauté nationale. La patrimonialisation sélectionne les biens à transmettre et leur accorde un statut, mais explique peu comment le patrimoine se construit et se transforme dans des contextes régionaux, nationaux et internationaux voire coloniaux et postcoloniaux. L’ouvrage décentre la notion de patrimoine en insistant sur le mouvement, les mutations et les mélanges. Il met au jour les patrimoines construits dans les espaces de contacts, un “espace du métissage”. Il étudie cinq objets : l'archive, l'objet matériel, le sol, le paysage et la cuisine. Il met en garde contre une esthétique de l'hétérogène qui tend à patrimonialiser le métissage et à en faire une idéologie au service de la mondialisation.