L'archipel des idées de Barbara Cassin



L'archipel des idées de Barbara Cassin




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L'archipel des idées de Barbara Cassin constitue un ensemble de textes indépendants les uns des autres, sans ordre systématique, dans lesquels sont mêlées des réflexions ayant trait aussi bien à la philosophie antique qu'à des questions contemporaines comme le relativisme culturel ou la démocratie. L’auteur nous propose donc un parcours en nous attachant à des figures et concepts qui sont au centre de son travail de philosophe et de philologue depuis plus de trente ans.

Barbara Cassin envisage notamment, dans une dimension politique et éthique, la notion de « barbare » telle qu’elle s’est développée dans le monde grec antique. Pour comprendre la prépondérance de cette catégorie mentale, il convient de la rattacher au concept, central, de « logos ». Le « logos » renvoie à l’unité de la pensée et de la langue. Le grec, ainsi, se conçoit comme une langue singulière qui s’apparaît à elle-même comme universelle. Parler grec, c’est déjà penser. Au regard de cette unicité, celui qui ne parle pas grec ne parle pas correctement, il ne parle même pas du tout, ne pense pas et se contente uniquement d’émettre des sons. C’est le barbare, incapable de s’élever à l’universalité conceptuelle. Pour modérer ce substantialisme par trop rigide, Isocrate, dans son Panégyrique, évoque la possibilité de devenir grec. L’être-grec se caractérise par une manière particulière de penser et de parler, qui ne repose plus sur une nature assignée à la naissance, définitivement. C’est donc une culture, que même le barbare peut acquérir. Néanmoins, la tentative d’Isocrate en vient immanquablement à reconduire l’opposition fixe entre Grecs et barbares en témoignant d’une certaine forme d’ethnocentrisme. Si l’on suit Barbara Cassin, la tentative la plus audacieuse pour échapper à cette opposition fut celle d’Antiphon de Rhamnunte, dit Antiphon le Sophiste, dans Sur la Vérité. Le philosophe grec reprend la catégorie de barbare en lui faisant subir un véritable retournement. Le barbare deviendrait alors celui qui ne reconnaît pas qu’un modèle politique étranger est aussi légitime que le sien. Barbara Cassin, interprétant la tentative d’Antiphon, écrit : « Nous barbarisons quand nous refusons ce qui constitue l’autre comme autre, en l’occurrence, non pas sa nature puisqu’elle ne diffère pas de la nôtre, mais ses lois, ses coutumes, voire ses dieux, sa manière d’être, au sens plus large, politique » (p. 39). On serait donc tenté de voir avec Antiphon la mise en œuvre d’un véritable relativisme culturel dans le monde grec antique. Cette tentative rappelle singulièrement la déclaration de Claude Lévi-Strauss : « Le barbare, c’est d’abord celui qui croit à la barbarie ». Néanmoins, parler de barbarie concernant la haine de l’autre manifeste encore, selon Barbara Cassin, un certain ethnocentrisme, une aporie sûrement inévitable.

Titre L'archipel des idées de Barbara Cassin
Édition Première édition
Éditeur Éditions de la Maison des sciences de l'homme, Paris
BISAC Classifications thématiques PHI000000 PHILOSOPHY
Public visé 06 Professionnel et académique
CLIL (Version 2013-2019 ) 3126 Philosophie
Date de première publication du titre 10 juillet 2014
Code Identifiant de classement sujet      93 Classification thématique Thema: QD
Avec Bibliographie
Support Livre broché
Nb de pages 224 p. Bibliographie .
ISBN-10 2-7351-1699-9
ISBN-13 978-2-7351-1699-7
GTIN13 (EAN13) 9782735116997
Référence
Date de publication 10 juillet 2014
Nombre de pages de contenu principal 224
Format 13 x 20 cm
Prix 16,00 €
 


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